Au restaurant... Les Français à table
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manger en 1900

Filouterie d'aliments
Sous ce titre, le supplément illustré du Petit Parisien (dimanche 26 juin 1898) avertissait ses lecteurs qu'il y a dans le monde des gens malhonnêtes qui s'attablent dans un café, un restaurant ou une auberge et se font servir des boissons, des aliments, quelquefois même un bon dîner, sans avoir un sou vaillant dans la poche. Et de préciser: L'article 401 du Code pénal punit ces amateurs de vie bon marché d'une amende de 16 à 200 francs et d'un emprisonnement de six jours à six mois. Le rédacteur, signant Saint-Clar, indiquait comment se débarrasser de ces resquilleurs.
Pour faire arrêter le coupable, écrivait-il, il suffit que celui-ci ait consommé une partie des boissons ou des aliments servis et qu'il refuse de payer. Mais il faut refuser de lui louer une chambre, même pour quelques heures, et de lui servir un second repas, car dans les deux cas il bénéficierait de l'espèce de crédit qu'on lui aurait fait et deviendrait pour les juges un simple débiteur dans l'embarras. L'article ajoutait qu'il n'y aurait plus de prison ni d'amende. IL ne resterait qu'une créance, et notre homme, sans le sou, qui n'a pas à craindre la prison pour dettes depuis l'abolition de la contrainte par corps en matière civile et commerciale (loi du 22 juillet 1867), se moquerait du juge de paix et de ses jugements dont il ne paierait même pas les frais, n'ayant rien que l'huissier puisse saisir.
Le journal conseillait aux cafetiers, cabaretiers, aubergistes, restaurateurs, hôteliers et tous débitants [dès qu'ils flairaient quelque grivèlerie], d'exiger le paiement immédiat [...]. Une série de boissons consommées sans désemparer est comptée en bloc pour la filouterie comme un seul repas. Ce ne serait plus qu'une dette si les consommations avaient été servies à des intervalles séparés dans la journée. Il fallait enfin savoir que les repas portés en ville, les boissons et toutes marchandises vendues à emporter, c'est-à-dire non consommées dans l'établissement et sur place, ne peuvent jamais être une filouterie d'aliments, car en laissant emporter; le commerçant a fait crédit à ses risques et périls. C'est une question de confiance.

prosper montagné

La cuisine étoilée
Afin d'honorer les meilleures tables de France, Le guide Michelin, créé en 1900, avait commencé à leur attribuer une étoile à partir de 1926. Depuis l'an dernier, cette vénérable institution a introduit la hiérarchie suprême des deux et trois étoiles.
Parmi les premiers grands chefs distingués, arrive en tête naturellement le célèbre Prosper Montagné (gauche), à qui l'on doit outre des recettes réputées, la création des cuisines centrales des Armées pendant la guerre, les premiers concours de cuisine et de nombreux ouvrages spécialisés.
C'est également en 1900 que Michelin lançait sa précieuse carte de France sur laquelle les nationales 6 jusqu'à Lyon et 7 ensuite constituent le grand parcours étoilé vers la Provence, avec des étapes justement espacées pour-la vitesse des voitures et des digestions : Sens, Auxerre, Saulieu, Vienne... Logique et superbe enchaînement.
Lyon mérite que l'on s'y arrête. Déjà Stendhal assurait qu'il avait vu à Lyon vingt-deux façons d'accommoder la pomme de terre. Le Bugey, la Bresse, les Dombes toutes proches permettent aux cordons-bleus de faire de larges emprunts qui valent à leur talent et à leur ville le titre de capitale de la gastronomie. Mais d'autres villes peuvent revendiquer un tel honneur : Bordeaux, Strasbourg, Dijon, Rouen, Marseille... pour tout ce qui les rapproche dans cette symphonie culinaire nationale. Car, contrairement au dicton moyenâgeux, il n'est pas de bon bec que de Paris.

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